La dépendance mondiale envers les matières premières

Arnaud Zacharie

Les matières premières restent, au 21e siècle, un enjeu majeur de l’économie politique internationale et du développement. D’une part, la compétition pour l’approvisionnement en ressources naturelles s’exacerbe dans un monde de plus en plus multipolaire. D’autre part, les pays en développement, dont les économies reposent sur l’exportation des matières premières, doivent exploiter ce potentiel pour mieux s’en affranchir, selon Arnaud Zacharie, secrétaire général du Centre national de coopération au développement  (CNCD-11.11.11, point focal de Social Watch au Belgique).

L’approvisionnement en matières premières est une condition sine qua non à tout processus de développement économique et social. La fabrication des produits industriels de pointe, qui est l’apanage des économies avancées, nécessite en effet des ressources naturelles dont la majorité sont localisées dans les pays en développement, a écrit Zacharie par le magazine Imagine Demain le Monde.

En ce sens, les pays en développement bénéficient d’un avantage stratégique sur les pays qui, comme ceux de l’Union européenne, dépendent de l’importation de ces ressources.

 

Une malédiction, parfois

Toutefois, cet avantage est susceptible de se muer en malédiction. En effet, certaines matières premières fortement prisées sont localisées dans des pays très pauvres, dont les capacités institutionnelles sont faibles.

Cette réalité implique de fortes tensions, illustrées par des systèmes politiques rentiers contrôlés par des élites prédatrices, des concessions de contrats léonins à des firmes transnationales ou des attaques de mouvements rebelles qui se financent par l’exploitation illégale des ressources naturelles, comme c’est par exemple le cas en République démocratique du Congo.

Dans un monde inégalitaire où la demande en ressources naturelles croît au moment où elles se raréfient, les conflits pour l’approvisionnement en matières premières risquent ainsi de s’exacerber. En outre, les économies en développement basées sur l’exploitation des matières premières ont généralement souffert d’une trop faible diversification économique et de chocs externes provoqués par la détérioration des termes de l’échange.

Les prix d’exportation des matières premières à faible valeur ajoutée n’ont pu compenser les prix d’importation plus élevés des produits industriels à forte valeur ajoutée, comme l’ont expérimenté la plupart des pays du tiers monde au cours de la seconde partie du 20e siècle.

 

La « maladie hollandaise »

Certes, depuis le début des années 2000, la conjoncture internationale a sensiblement évolué. La demande croissante de ces ressources dans les pays émergents du Sud, à commencer par la Chine, a entraîné la hausse des prix des matières premières.

Cette conjoncture a bénéficié aux pays exportateurs des matières premières dont les prix ont le plus augmenté, comme le pétrole ou les produits miniers et céréaliers. Ces pays ont généralement réussi à enregistrer des excédents commerciaux et une augmentation de leurs revenus.

L’impact a cependant varié en fonction des structures économiques des différents pays en développement. Ceux-ci ne disposant pas de ressources pétrolières et étant importateurs nets de céréales ont par exemple subi de plein fouet l’augmentation des prix.

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Source
CNCD-11.11.11 : http://bit.ly/PDxIV3