Rio2012 : une occasion ratée, selon Alliance Sud

Isolda Agazzi à Rio. (Photo:
Philipp Rohrer/Alliance Sud)

Le document final de Rio2012 est décevant à plus d’un titre. Certes, les pays en développement ont réussi à imposer une conception de l’économie verte qui respecte leurs exigences nationales, mais le sommet n’a pas réussi à amorcer le changement de paradigme nécessaire à sauver la planète, selon Alliance Sud, point focal de Social Watch en Suisse.

« Le sommet a raté l’occasion de réaliser le développement durable, amorcer le changement de paradigme nécessaire pour sauver la planète et élaborer des indicateurs de bien-être qui aillent au-delà de la croissance et PIB. Il est prévu que ces indicateurs soient développés par l’ONU, mais il n’y a aucune urgence », regrette Isolda Agazzi, responsable de politique de développement chez Alliance Sud.

Certes, les percées sur l’économie verte voulues par les pays industrialisés n’ont pas eu lieu. Mais si le texte prévoit quelques garde-fous exigés par les pays en développement – notamment qu’elle ne devienne pas une nouvelle forme de protectionnisme et qu’elle n’impose pas de conditionnalités additionnelles -, il fait la part belle au secteur privé, pour lequel aucune réglementation contraignante pour respecter l’environnement et les droits humains n’est prévue.

Alliance Sud déplore aussi la faiblesse des engagements au niveau du transfert de technologies et des moyens additionnels pour le développement durable, qui vont être pris dans le cadre de processus intergouvernementaux à venir et selon des accords volontaires entre les parties.

Les Etats ont décidé de lancer un processus pour l’élaboration d’objectifs de développement durable qui viennent remplacer les Objectifs du Millénaire pour le développement à leur échéance, après 2015. « Mais le risque n’est pas écarté que les deux processus soient menés en parallèle, au lieu de confluer dans un seul et que la lutte contre la pauvreté perde le caractère central qu’elle occupe aujourd’hui», continue Isolda Agazzi.

Alliance Sud regrette aussi que le Conseil sur le développement durable n’ait pas été créé, car il aurait constitué une autorité forte, susceptible d’assurer la cohérence entre les trois dimensions  économique, social et environnemental. Au lieu de cela, le texte prévoit la création d’un vague Forum de haut niveau qui n’aura pas les dents nécessaires pour mener à bien ce mandat.

Certes, quelques acquis ont été conservés, à commencer par les principes fondamentaux des conférences de Rio 1992 et Johannesburg 2002, notamment la responsabilité commune, mais différenciée. Le droit au développement, à l’alimentation, à l’eau, à la santé et les droits des populations autochtones ont été réaffirmés. Les droits de la Terre Mère ont été proclamés, à l’instigation de la Bolivie. La conférence déçoit du point de vue du genre, les Etats n’ayant pas réussi à réaffirmer les droits sexuels et reproductifs.

Il est réjouissant que les pays en développement aient réussi à imposer en partie leur vision, notamment grâce au rôle de facilitateur joué par le Brésil, le pays hôte. Mais un tel sommet aurait pu et dû arriver à beaucoup plus.

Source

Alliance Sud : http://bit.ly/O0YWaL