France : Le plan hivernal, une honte sociale

Valgiros, un centre d'hébergement
pour sans abri.
(Photo : Caroline Blumberg/
MAXPPP-Secours Catholique)

Dans une tribune publiée le 18 octobre sur Lemonde.fr, François Soulage, le président du Secours Catholique (un des points focaux de Social Watch en France), dénonce la persistance de la situation du mal logement dans ce pays.

La nécessité d’un plan hivernal est une honte sociale, c’est en substance le message que nous avons transmis à Benoist Apparu, secrétaire d’État chargé du logement, lors de notre rencontre. Le Secours Catholique est engagé depuis toujours aux côtés des mal logés et des sans abris, déjà en 1954 avec une action forte de Mgr Rodhain, fondateur de l’association, installant des tentes pour les plus précaires porte d’Orléans (Paris).

Plus de cinquante ans après, cette situation de mal-logement perdure et des dizaines d’hommes et de femmes meurent encore chaque année dans la rue – faute de volonté politique. Nous en sommes encore à ajuster le nombre de places d’hébergement aux bulletins météo, selon qu’il fait zéro degré, moins cinq degrés ou moins dix degrés !

Quand nos hommes politiques prendront-ils enfin la vraie mesure de l’indignité qu’il y a à traiter ainsi les personnes à la rue ? Avec ses plans hivernaux successifs où des places supplémentaires d’hébergement sont ouvertes en "urgence", le gouvernement reconnaît de manière tacite l’insuffisance de places d’hébergement toute l’année et l’existence de personnes contraintes de vivre à la rue.

Depuis plusieurs années, dans ce contexte, certaines de nos délégations sont sollicitées par la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) pour augmenter les horaires d’ouverture de nos accueils de jour ou pour les transformer en accueil de nuit pour les personnes à la rue. Ces mises à l’abri, souvent dans des lieux inadaptés, sont pour nous contraires à la dignité des personnes, ne répondent pas au véritable besoin de vivre dans un logement, et sont déstabilisantes pour nos équipes, qui doivent s’adapter au jour le jour selon la température affichée.

 

Politique ambitieuse contre cas de conscience saisonnier

Quelle que soit la saison, hiver comme été, chacun a besoin d’un chez soi. Un logement, c’est bien plus que quatre murs et un toit, c’est le lieu à partir duquel la vie peut se construire. Pour le Secours Catholique, ce droit fondamental mérite une politique plus ambitieuse qu’un simple cas de conscience saisonnier.

Nous demandons que les principes d’accueil inconditionnel et de continuité (article 73 de la loi Molle), affirmant que toute personne sans abri doit avoir accès à un dispositif d’hébergement d’urgence et doit pouvoir y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite, jusqu’à ce qu’une orientation lui soit proposée soient effectivement mis en œuvre. Pour le Secours Catholique, ce droit fondamental doit être érigé en priorité politique numéro un, permettant la mise en œuvre de toutes les autres actions d’insertion.

En tant que membre du collectif des associations unies, nous avons également rencontré récemment le premier ministre. Or, en lieu et place d’un vrai changement de politique publique en matière d’hébergement et de logement, le premier ministre n’a fait qu’annoncer une rallonge budgétaire, une poudre aux yeux devenue traditionnelle à l’approche de l’hiver. Nous déplorons le désengagement de l’État en matière de droit au logement et à l’hébergement.
Les équipes du Secours Catholique ne sont pas là pour pallier les insuffisances, le gouvernement doit aller plus loin que ses slogans sur le logement d’abord.

Les personnes à la rue et mal logées ne peuvent attendre la prochaine échéance électorale. Le Secours Catholique demande un plan hors saisons, un plan donc structurel qui apporte des réponses concrètes et durables pour les personnes sans logement ou mal logées : la création immédiate de places d’hébergement pérennes, dignes et la construction de logements accessibles aux revenus les plus modestes.

Source
Secours Catholique : http://bit.ly/6qHus4