Chili: les femmes retraitées reçoivent un tiers de moins que les hommes

Réunion dans la Chambre des Députés
avec CENDA. (Photo: Parlement chilien)

Sources
Chambre de députés du Chili
Cenda

Les hommes qui prennent la retraite avec le nouveau système de retraites du Chili, affiché comme modèle pour toute l’Amérique latine, obtiennent à présent un revenu supérieur de 33 pourcent de celui des femmes aya accumulé les mêmes fonds, selon les déclarations effectuées par les chercheurs Manuel Riesco et Mireya Baltra, du Centre d’études nationales sur le développement alternatif (CENDA, point focal nation de Social Watch), à la Chambre de Députés de ce pays.

Riesco, vice-président de CENDA, a averti à la Commission de lutte contre la pauvreté de la Chambre des Députés, sur la base d’une étude soigneuse, que le système actuel de l’Administration de fonds de pensions (AFP) ne fait qu’infliger un traitement discriminatoire aux femmes.

“Le système privé de pensions fixe des différences ignobles selon le sexe des associés car il prévoit une plus grande expectative de vie chez les femmes ce qui fait diminuer leur pension chaque mois”, selon les déclarations de Cristina Girardi, législatrice du Parti de centre gauche pour la Démocratie, après avoir pris connaissance du rapport d’une instance antérieure lors d’une réunion précédente de la Commission d’Économie de la chambre basse parlementaire à laquelle des chercheurs du CENDA et des députées de tous les secteurs, ont été invités.

Les législatrices se sont montrées surprises par l’étude et se sont engagées à analyser les antécédents pour remédier le plus tôt possible à cette discrimination par voie législative.

Riesco, un des auteurs de la recherche appuyée par la Fondation Ford et ONU Femme, a déclaré que les femmes qui sont restées dans l’ancien système ont droit à prendre la retraite à 60 ans, avec une pension à vie identique à celle d’un homme de 65 ans, si elles ont le même salaire et les mêmes années d’apports, quelque soit sa situation familiale et le nombre de charges.

Par contre, le système d’AFP détermine qu’un homme célibataire de 65 ans reçoit actuellement une pension qui est supérieure d’un tiers à celle d’une femme célibataire de 60 ans ayant le même fonds accumulé. Même si elle décidait de ne pas prendre la retraite de 60 à 65 ans, la pension d’un homme retraité, dans des conditions similaires, dépasserait la sienne d’un sixième, a spécifié Riesco.

Par ailleurs, les pensions destinées aux personnes des deux sexes ayant pris la retraite en adhérant au nouveau système sont sensiblement inférieures à celles obtenues par ceux et celles qui prennent la retraite en adhérant au plan ancien, même avec les mêmes salaires et les même années d’apports, selon l’étude du CENDA.

La situation est encore plus grave dans le cas des personnes mariées et de ceux qui ont le plus de personnes à charge.

“En outre, les coûts élevés de gestion du système ont absorbé les quatre cinquièmes des parties des bénéfices obtenus par les fonds de pensions, lesquels, par ailleurs, ont disparu en bonne partie pendant la crise mondiale récente, spécifie le rapport.

Étant donné que le sexe est le seul facteur pour établir les différences au moment de calculer les pensions pour un même fonds, les pensions des femmes sont nécessairement inférieures à celles des hommes vu qu’elles ont en général moins de fonds de retraite, elles prennent la retraite avant et, en moyenne, elles vivent plus que les hommes.

Le Président de la Commission de lutte contra la pauvreté de la Chambre de députés, Lautaro Carmona (Parti Communiste), est “sous le choc”. “Il y a un dommage qui peut équivaloir à 50 % entre hommes et femmes ayant cotisé au même degré, ce qui représente une discrimination qui prend uniquement comme base une considération assez peu éthique telle que l’expectative de vie des femmes”, a-t-il critiqué.  

Au lieu de punir la femme, elle devrait être récompensée pour son apport en tant que mère et éducatrice, a-t-il ajouté.

María Antonieta Saa (PPD), députée, a mis en question le fait de ne pas avoir tenu compte, dans les variables, de la longévité dans les secteurs sociaux aisés comme celle des habitants de l’arrondissement de Las Condes à Santiago, qui vivent neuf ans de plus que ceux d’autres communes plus pauvres.