Des experts de l'ONU appellent l'UE à chercher des solutions économiques respectueuses des droits de l'homme

Un groupe d'experts indépendants des Nations Unies a exhorté vendredi l'Union européenne (UE) à faire en sorte que les réformes économiques soient conçues de façon à respecter les obligations des États en matière de droits de l'homme, suite à la publication d'une étude de la structure du secteur bancaire de l'UE.

L'étude recommande la mise en place de mesures pour protéger les contribuables européens contre les conséquences d'éventuels futurs plans de sauvetage ou de nouveaux chocs financiers. Dans ce contexte, les experts indépendants de l'ONU ont demandé aux autorités européennes d'assurer que des fonds publics vitaux ne soient pas utilisés à l'avenir dans des tentatives de sauvetage d'entreprises financières.

« Les États ont l'obligation de prendre des mesures aussi fermes que possibles pour assurer le respect et la protection des droits. Cela inclut d'assurer que les ressources nécessaires soient mises à disposition pour la réalisation des droits des personnes vivant dans la pauvreté», a rappelé la Rapporteuse spéciale de l'ONU sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme, Magdalena Sepulveda, dans un communiqué de presse.

« Pour cela, les États doivent protéger les ressources des budgets pour éviter qu'elles soient compromises par des plans de sauvetage et s'engager à créer un cadre règlementaire pour assurer que les ressources ne soient pas utilisées pour sauver des entreprises financières en déroute », a-t-elle ajouté.

Dans la période 2008-2011, les États membres de l'UE ont, selon Mme Sepulveda, dépensé 4.500 milliards d'euros, soit 37% de la production de l'UE, pour sauver leurs institutions financières.

« De telles dépenses imprévues ont précipité les gouvernements dans une crise des dettes souveraines et dans de nombreux cas, créé des difficultés considérables pour leurs citoyens, en particulier ceux qui vivent dans la pauvreté à cause des plans d'austérité qui ont souvent contraint ces États à ne pas respecter leur obligation de protéger les droits économiques, sociaux et culturels », a souligné l'experte indépendante de l'ONU.

« L'établissement de mesures règlementaires pour corriger les excès du secteur financier qui ont contribué à la crise actuelle, pourrait aider les États à respecter leur obligation de protéger les droits humains de leurs populations », a indiqué de son côté l'Expert indépendant de l'ONU sur la dette extérieure et les droits de l'homme, Cephas Lumina.

« S'il est largement reconnu que la crise des dettes souveraines que traverse actuellement la zone Euro est une conséquence des plans de sauvetage énormes mis en place pour sauver les banques, d'autres acteurs du secteur financier, tels que les agences de notation, les spéculateurs financiers et les fonds spéculatifs, ont joué un rôle central dans la création de cette crise », a-t-il ajouté. « Il est important que les réformes ne se concentrent pas uniquement sur le système bancaire mais soient élargies à d'autres acteurs du secteur financier ».

Le Rapporteur spécial pour la promotion d'un ordre international démocratique et équitable, Alfred de Zayas, a lui aussi exprimé sa préoccupation face à la tendance des pays de l'UE à ne pas s'attaquer aux causes profondes de la crise et à se contenter d'introduire des mesures d'austérité nuisibles au bien-être de la population.

« Il existe des solutions parfaitement réalistes à la crise financière, à commencer par la réduction des budgets et des dépenses militaires », a-t-il proposé.

Source
Centre d'actualités de l’ONU : http://bit.ly/Tch66X