La France: Plus de 8 millions de personnes vivent avec moins de 954 euros par mois

Un sans domicile fixe à Paris.
(Eric Pouhier/Creative Commons)

Source: Le Secours Catholique

La pauvreté et les inégalités de revenus se sont accrues en France en 2009 du fait de la crise, révèle l’Insee (L'Institut national de la statistique et des études économiques) dans son étude sur les niveaux de vie publiée le 30 août. Le Secours Catholique, un des points focaux de Social Watch en France, en perçoit quotidiennement les conséquences pour les familles les plus modestes.

Les chiffres de l’Insee parus ce mardi 30 août le confirment : la crise a bel et bien fait d’importants dégâts chez les ménages les plus modestes, ainsi que peuvent le constater au quotidien les bénévoles dans les accueils du Secours Catholique.

Ainsi, selon l’étude de l’Insee, en 2009, le niveau de vie des 10 % des personnes les plus modestes est inférieur à 845 euros par mois, soit 109 euros de moins que le seuil de pauvreté, établi à 954 euros. En revanche, le niveau de vie de la tranche des 10 % les plus aisés est d’au moins 2 986 euros mensuels, soit 3,4 fois plus que celui des 10 % les plus modestes. Il a crû de 0,7 % par rapport à 2008, « ce qui marque un ralentissement dans la progression » de cette tranche de revenus, nuance l’Insee, selon un rapport de François Tcherkessoff publié par le Secours Catholique.

Pour autant, selon Bernard Schricke, directeur de l’Action France et Europe au Secours Catholique, le seuil de pauvreté n’est pas le seul critère à retenir pour évaluer le niveau de dénuement. « On peut se situer au-dessus de ce seuil et être malgré tout privé de liberté de choix face aux dépenses, en particulier celles relatives au charges du logement et aux autres charges fixes qui se renchérissent sans cesse », affirme-t-il.
Les plus modestes sont les plus touchés

Les plus modestes sont les plus touchés par la crise, car ce sont eux qui souffrent le plus du chômage. En 2009, les chômeurs représentent 9,8 % des personnes situées au plus bas de l’échelle des revenus contre 8,5 % en 2008.

Il y a là, selon Bernard Schricke, « une fragilisation de la capacité à croire en un avenir meilleur. Des personnes qui ont perdu leur emploi fin 2008-début 2009 sont toujours sans emploi. Le chômage de longue durée continue d’augmenter, sapant les finances et le moral de ceux qui en sont victimes », observe-t-il.

Moins de 773 euros par mois

Au total, 8,2 millions de personnes (soit 13,5 % de la population) vivent en 2009 au-dessous du seuil de pauvreté, contre 7,8 millions en 2008. La moitié de ces personnes vivent même avec moins de 773 euros par mois, constate l’Insee.

Cela pourrait-il être pire ? C’est ce que suggèrent les auteurs de l’étude, pour qui l’augmentation de la part des prestations sociales des plus pauvres « atténue quelque peu la baisse des niveaux de vie ». Ces prestations passent de 36,3 % à 39,3 % des revenus des plus modestes entre 2008 et 2009.

Pauvreté en hausse chez les non-salariés

Parmi les personnes occupant un emploi, les non-salariés sont les plus touchés par la hausse de la pauvreté. Leur taux de pauvreté (proportion de ceux dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté) passe de 15,3 % en 2008 à 16,9 % en 2009, soit 1,6 % de plus. Leurs revenus sont plus sensibles à la conjoncture économique, explique l’Insee.

Niveau de vie médian stable

À l’échelle de l’ensemble de la population, le niveau de vie médian est en 2009 de 1 590 euros par mois, en augmentation de 0,4 % par rapport à 2008. Cette médiane départage la moitié des personnes disposant d’un niveau de vie inférieur de la moitié ayant un niveau de vie supérieur.

Le chiffre de 0,4 % n’a toutefois pas rattrapé l’inflation pourtant modérée de 2009. La hausse des prix a été cette année-là de 0,9 % selon les calculs de l’Insee. Cela s’explique par la baisse des produits manufacturés et celle des prix alimentaires.

Mais en 2011, l’inflation est repartie à la hausse, tout comme le chômage, un mélange au goût très amer. Le directeur de l’Action France et Europe du Secours Catholique voit une raison d’espérer dans la volonté des politiques de mieux réguler l’économie de marché. Mais, se demande-t-il, « auront-ils le courage d’affronter ces marchés ? », malgré la forte pression de leurs acteurs pour redresser les déficits publics un peu partout en Europe, et mettre en place des politiques d’austérité.