Espagne: les partis traditionnels encouragent le racisme et la xénophobie

Couverture du rapport annuel
de SOS Racisme

Sources: SOS RacismeEl Comercio, ÉquateurEFE, à MugakCadena SER.

Selon la fédération d’organisations non gouvernementales SOS Racisme, dans son dernier rapport annuel, le racisme et la xénophobie se sont aggravés en Espagne sous l’effet de l’influence des forces politiques et des partis traditionnels. Certes, ceux-ci ont assumé des postulats qui relevaient jusqu’à présent de la sphère de l’extrême droite. 

Au cours des derniers mois, une « bombe à mécanisme d’horlogerie » s’est développée  alors que « la classe politique échoue dans son ensemble, les uns parce qu’ils jouent sur la fibre du racisme, les autres parce qu’ils ne le condamnent pas suffisamment », a dit Alba Cuevas, porte-parole du réseau en Catalogne.

En guise d’exemple concret de cette affirmation, SOS Racisme a fait référence au refus des municipalités en Catalogne d’empêcher les immigrants irréguliers d’exercer les droits de base, comme par exemple avoir le certificat de résidence, ce qui a contribué à réduire les étrangers au statut de criminels. Il y a eu, même, des municipalités où le port de la burka n’a jamais été enregistré et quand même il a été proposé d’interdire le port de ce vêtement. 

Ce discours, et en même temps le durcissement de la crise économique, s’est traduit par une recrudescence des attitudes et des opinions xénophobes. La fondation Bertelsman a constaté que 31% des espagnols expulseraient les étrangers qui son au chômage depuis longtemps. 

Il a été également constaté une nette réduction des droits sociaux pour les immigrants, ce qui augmente la vulnérabilité d’un collectif  subordonné à une régulation spéciale et dans bien des cas, discriminatoire. 

Les immigrants en Espagne constituent un collectif qui a une certaine stabilité.

Selon le Ministère du Travail, l’année 2010 s’est terminée avec un nombre de résidents étrangers très similaire à celui de l’année précédente : 4.926.608 personnes. 

Le régime communautaire (48,75%) est pratiquement le même que celui des personnes étrangères appartenant au régime général –extracommunautaires- (51,25%) sans oublier que le taux de chômage touchant le collectif immigrant continue à être supérieur de 10 points à celui concernant le collectif autochtone. 

Le rapport de SOS Racisme a observé, en outre, une diminution de l’arrivée de personnes en situation irrégulière en raison de la crise économique et du changement de route des flux migratoires. Cette réduction ne diminue pas pour autant la tragédie qu’est la tentative pour arriver sur les côtes espagnoles et à cause de laquelle 131 personnes sont décédées en 2010 selon les données d’APDHA.

L’enquête indique que l’année dernière 2.738 personnes ont pu accéder à la procédure d’asile en Espagne, soit 6% de moins qu’en 2009, le chiffre le plus bas depuis 1989. 

L’étude a permis de confirmer qu’il existe des attitudes discriminatoires dans le domaine du travail et dans la relation avec les corps et les forces de sécurité, où un halo d’impunité se fait évident.

La stigmatisation et la persécution des tziganes, exportée de France à ses voisins, a conduit le Parti populaire à criminaliser, à la ville de Badalona, les Roms provenant de l’Europe de l’Est. 

Les partis politiques espagnols “ont dépassé les limites de l’éthique au moment de faire référence aux étrangers et aux minorités avec des accusations, des manifestations et des actions qui sont typifiées comme délit », averti Alba Cuevas.

“Le discours populiste” et le fait de se servir de la “crise économique pour engendrer la peur, de l’appel à l’émotion, de la notion de survie, du classique  ‘en premier, ceux de la maison’ », gagne du terrain non seulement pour l’extrême droite mais parce que « les grands partis comme le PP à Badalona et leurs représentants nationaux, qui ne démentent pas le discours du maire de la troisième ville catalane (Badalona), jouent sur la fibre xénophobe » sans condamner toutes ces pratiques, a dit Cuevas.

“La mentalité selon laquelle s’il n’y a pas pour tous, il faut donner la priorité à ceux d’ici, en particulier dans le domaine de la santé, de l’éducation  ou des services de base, est de plus en plus répandue et acceptée», a expliqué Mikel Mazkiaran, coordinateur du rapport, lors de la présentation.