Changer les têtes pour sauver à la planète

Par Roberto Bissio

Après des décennies en attaquant les gouvernements, des environnementalistes, économistes, féministes et activistes sociaux du monde entier lancent un appel à fortifier les États comme la seule manière de sauver la planète, menacée par crise dans le climat, l'eau, les aliments… et les finances. Avant de formuler son habituel « appel à l'action » et de réclamer « des faits et non des mots », seize membres de l'autoconvoqué Groupe de Réflexion sur les perspectives du développement global ont formulé le lundi 7 mars un appel à « changer la manière de penser » sur les sujets de l’environnement et l'économie.

L’appel a comme destinataires initiaux aux négociateurs qui préparent le Sommet des Nations Unies pour le Développement Soutenable, qui sera effectué à Rio de Janeiro en 2012, vingt ans après le « Sommet de la Terre », où le concept de développement soutenable est né et ou les bases d'accords mondiaux sur le changement climatique, la désertification et la déforestation on été crées. Le changement de mentalité réclamé commence par « restaurer les droits publics par dessus des privilèges des entreprises ».

« Après trente ans de renforcement du pouvoir des investisseurs et des grandes corporations à travers le dérèglement, la libéralisation commerciale et financière, les coupures et exonérations d'impôts, et l'affaiblissement du rôle de l'État, et après la crise financière promue par le marché, les principes et les valeurs de la Déclaration de Rio (1992) et la Déclaration du Millénaire (2000), approuvés par les chefs d'État et de gouvernement, sont menacés et ont besoin urgemment d'être reconstitués », soutiennent les signataires. Ces principes incluent les droits de l’homme, la liberté, l'égalité, la solidarité, la diversité, le respect de la nature et la responsabilité commune mais différenciée des États, pauvres ou riches. « Les intérêts patronaux ne promeuvent pas ces principes et ces valeurs ».

Le deuxième point du document recommande « de prendre en sérieux l'équité », puisque les politiques des trente dernières années – c’est à dire, depuis la révolution conservatrice Reagan et de Thatcher-, « ont élargi encore plus la brèche entre les riches et les pauvres et ont exacerbé les iniquités et les inégalités, même en ce qui concerne l'accès aux ressources ».

« Les forces effrénées du marché », soutient l’appel, « ont favorisé les plus forts, élargissant ainsi la brèche économique. Ceci requiert que l'État corrige le déséquilibre, élimine la discrimination et assure des moyens vie soutenables, emploi décent et inclusion sociale. La justice intergénérationnelle requiert modération et responsabilité de la part de la génération actuelle. Il est urgent d'établir des droits plus équitables par habitant vers le patrimoine commun mondial et vers l'émission de gaz d'effet serre, en tenant compte pleinement de la responsabilité historique ». La non acceptation de ces deux derniers principes par les pays les plus développés c’est ce qui a empêché les négociations sur le changement climatique.

Dégager la nature c'est la troisième et dernière des demandes du bref appel, ce qui serait urgent « après plus de soixante ans de réchauffement de la planète, perte de la bio-diversité, désertification, épuisement de la vie marine et des forêts, une crise de l'eau qui s’accélère et beaucoup autres catastrophes écologiques ». Le point de départ, dans ce cas, sont les années cinquante, quand la génération du baby boom a bousculé la consommation des ressources non renouvelables de la planète. La crise de l'environnement bousculé par cette consommation effrénée des affluents, « affecte les pauvres beaucoup plus que les riches ».

Les signataires n'adhèrent pas aux idées malthusiennes sur l'épuisement des ressources et soutiennent, par contre, que « il existe des solutions basées sur la connaissance, y compris des technologies pour restaurer les systèmes naturels et réduire radicalement les pressions sur le climat et l'environnement, en améliorant en même temps le bien-être humain ». Une « économie verte » est possible, ils argumentent, mais elle doit être intégrée « dans un concept holistique de la viabilité ». Ce que nous avons besoin, concluent, « c'est un changement du style de vie ».

Pour l'atteindre, « le Sommet de Rio 2012 doit réaffirmer à l'État comme l'acteur indispensable qui établit le cadre légal, fait remplir les normes d'équité et les droits de l’homme, et favorise la pensée écologique à long terme, basé sur la légitimité démocratique ».

* Directeur de l’Institut du Tiers Mundo (ITeM).

Signataires de l’appel
Albert Recknagel, terre des hommes Alemania; Alejandro Chanona, Universidad Nacional Autónoma de México; Barbara Adams, Global Policy Forum; Beryl d’Almeida, Abandoned Babies Committee Zimbabue; Chee Yoke Ling, Third World Network (TWN)); Ernst-Ulrich von Weizsäcker, Panel International pour la Gestion Soutenable des Ressources; Filomeno Sta. Ana III, Action for Economic Reform; George Chira, terre des hommes India; Gigi Francisco, Development Alternatives with Women for a New Era; Henning Melber, Fondation Dag Hammarskjöld; Hubert Schillinger, Friedrich-Ebert-Stiftung; Jens Martens, Forum de Politique Mondial-Europe; Jorge Ishizawa, Proyecto Andino de Tecnologías Campesinas; Roberto Bissio, Social Watch; Vicky Tauli-Corpuz, Fondation Tebtebba; Yao Graham, TWN-África.

Le texte complet du document est disponible sur www.choike.org.


S'ABONNER À NOTRE BULLETIN

s'abonner