L’emploi menacés par la crise de la dette et l’instabilité financière selon l'OIT

Source: ILO
GENEVE (Nouvelles du BIT) – L’instabilité croissante qui prévaut sur les marchés financiers et la crise de la dette souveraine en Europe pourraient remettre en cause les efforts mondiaux pour la reprise de l’économie et de l’emploi, selon un rapport du Directeur général du Bureau international du Travail, Juan Somavia, à la Conférence annuelle de l’Organisation internationale du Travail.

«Les grands acteurs internationaux ont mis l’objectif de la qualité de l’emploi au cœur des plans de reprise», a indiqué M. Somavia dans un rapport qui doit être présenté lors de l’ouverture de la Conférence internationale du Travail le 2 juin. «Nous sommes de plus en plus préoccupés: la progression vers cet objectif pourrait être compromise du fait d’une rechute dangereuse de la crise financière».

Dans le rapport intitulé «Placer la reprise et la croissance sous le signe du travail décent» M. Somavia avertit qu’en dépit de signes d’une «modeste reprise économique (…) le risque d’une nouvelle phase de la crise financière, due à la dette souveraine, est apparu, compromettant les perspectives de croissance de certains pays, exposant potentiellement l’économie mondiale et suscitant de nouveaux doutes quant à la stabilité du système monétaire et financier international.»

Le rapport relève également que si la production redémarre, le chômage continue d’augmenter dans de nombreux pays en 2010. Le taux de chômage mondial devrait rester élevé en 2010, à 6,5 pour cent, soit plus de 210 millions de personnes dans le monde. Il avertit que «pour beaucoup d’hommes et de femmes, et pour de nombreuses entreprises de l’économie réelle, la reprise n’a pas encore eu lieu», ajoutant qu’un chômage élevé fait naître «le spectre d’une reprise sans emploi (…) dans nombre de pays».

Le rapport ajoute que la proportion de travailleurs occupant un emploi vulnérable dans le monde est estimée entre 49,5 et 52,8 pour cent en 2009, ce qui représente une hausse potentielle de plus de 100 millions de travailleurs vulnérables depuis 2008.

«Nous savons qu’il n’y a pas de reprise durable de l’économie sans reprise de l’emploi, a affirmé M. Somavia. Le pari consiste à obtenir rapidement une reprise riche en emplois et à nous engager sur la voie d’une croissance forte, durable et équilibrée qui conduise à la stabilité sociale engendrée par le travail décent pour tous. C’est sur cette base que s’enclenchera un processus de réduction des déficit publics et de la dette et c’est en concordance avec le Pacte mondial pour l'emploi adopté par la Conférence internationale du Travail en 2009».

La Conférence annuelle sera le théâtre d’un certain nombre de débats auxquels participeront les délégués des gouvernements, des employeurs et des travailleurs des 183 Etats Membres de l’OIT sur les moyens de préparer une reprise riche en emplois et de promouvoir une croissance plus durable et équilibrée. Le 14 juin se dérouleront notamment deux panels de haut niveau consacrés au rôle de l’emploi productif et de la protection sociale dans la réalisation des objectifs de développement adoptés à l’échelle internationale et des Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Les panels examineront également les progrès accomplis pour mettre en œuvre le Pacte mondial pour l’emploi adopté l’an dernier en réponse à la crise économique mondiale et destiné à orienter les politiques nationales et internationales qui visent à stimuler la reprise économique, à créer des emplois et à fournir une protection aux travailleurs et à leurs familles.

La Conférence tiendra aussi une discussion prospective sur les tendances et les défis de l’emploi au cours des prochaines années. Les politiques macroéconomiques, d’emploi, du marché du travail, commerciales et d’investissement nécessaires pour promouvoir le plein emploi, décent et productif, seront prises en compte. Dans le même temps, la discussion abordera les liens qui existent entre les droits au travail, la protection sociale et le dialogue social pour atteindre les objectifs en matière d’emploi dans une approche intégrée du travail décent, définie dans la Déclaration de l’OIT sur la justice sociale pour une mondialisation équitable adoptée en 2008.

Invitée spéciale, S.E. Doris Leuthard, présidente de la Confédération helvétique, prendra la parole lors de la session inaugurale de la Conférence.

La Conférence va envisager l’élaboration d’une norme internationale du travail sur le VIH/sida et le monde du travail. Prenant la forme d’une recommandation de l’OIT, cette norme sera le premier instrument international des droits de l’homme entièrement consacré au VIH/sida. Elle contiendra des dispositions sur des programmes de prévention et des mesures de non-discrimination à l’échelon national et au niveau de l’entreprise concourant à renforcer la contribution du monde du travail à l’accès universel à la prévention du VIH, au traitement, à la prise en charge et au soutien des personnes vivant avec le VIH/sida.

La Conférence va entamer des discussions sur une nouvelle norme internationale du travail concernant les travailleurs domestiques en vue de la possible adoption d’une convention, complétée par une recommandation en 2011. Cette discussion vise à traiter la situation d’une catégorie de travailleurs vaste et importante, mais souvent «invisible» et vulnérable.

La Commission de l’application des normes de la Conférence organisera une séance spéciale le 5 juin pour discuter des suites données par le gouvernement du Myanmar aux recommandations de la Commission d’enquête mise sur pied pour examiner le respect de la convention (n° 29) sur le travail forcé, 1930. L'application de conventions spécifiques dans quelque 25 pays sélectionnés par la Commission sera également examinée.

Au cours de la séance plénière de la Conférence, les délégués étudieront aussi le dernier Rapport du BIT sur la situation dans les territoires arabes occupés.

Le 11 juin, la Conférence débattra du Rapport global sur le travail des enfants, au moment-même où sera célébrée la Journée mondiale contre le travail des enfants. Cette journée sera aussi marquée par l’organisation d’un événement sur la Place des Nations, à Genève. Des centaines d’écoliers genevois se joindront aux personnalités locales et lanceront un appel à agir, à aller «droit au but – éliminer le travail des enfants», thème de la journée mondiale cette année.

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