La Suisse : Quel agenda de développement après 2015?

En Suisse, la Direction du développement et de la coopération ainsi que l’Office fédéral de l’environnement ont initié des processus de consultation sur le nouvel agenda de développement et les objectifs de développement durable. Alliance Sud, organisation membre de Social Watch qui y participe, va s’engager pour que le nouvel agenda repose sur une approche intégrale en matière de durabilité et de droits humains, et pour qu’il soit focalisé sur la justice sociale.

Un accent particulier sera mis sur la cohérence : il importe que tous les domaines politiques (commerce, finance, environnement, politique sociale…) soient évalués à la lumière de leur compatibilité sociale et environnementale. Les débats futurs ne devront pas porter uniquement sur des listes d’objectifs individuels. Il s’agira davantage de réfléchir à une nouvelle conception du développement.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a, depuis décembre, chargé plusieurs instances de plancher sur un nouvel agenda du développement. Coordonné par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Département des affaires économiques et sociales (UNDAES), l’UN Task Team post-2015 comprend quelques 50 agences et unités de l’ONU. Il a publié en juin un premier rapport.

Un panel à haut niveau de personnalités doit élaborer jusqu’en mai 2013 des recommandations, « avec des responsabilités différenciées pour tous les pays et un accent prioritaire sur la lutte contre la pauvreté et le développement durable ».

Parallèlement, le Conférence Rio+20 a chargé l’Assemblée générale de l’ONU de septembre de créer un groupe de travail avec des représentant-e-s de 30 pays de toutes les régions du monde. Sa tâche sera, en l’espace d’une année, d’établir un catalogue complet d’objectifs de développement durable.

Selon le document final de Rio, le processus sur les objectifs de développement durable doit se dérouler en cohérence et coordination avec le processus post-2015. On n’a toutefois pas décidé comment et si les différents processus devaient converger dans un agenda commun.

Les Objectifs du Millénaire pour l’élimination des pires formes de pauvreté devraient être réalisés d’ici à la fin de 2015. On en est encore loin. La discussion bat cependant déjà son plein sur la suite à leur donner, selon un commentaire écrit par Pepo Hofstetter et Nina Schneider, d’Alliance Sud , et paru dans GLOBAL+, publication spécialisée dans la mondialisation et la politique Nord/Sud.

Le rapport de bilan 2012 de l’ONU le montre une fois de plus : globalement, la plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne seront pas atteints. La communauté des Etats n’est dans la cible que pour la réduction de moitié de la pauvreté monétaire la plus grave (merci la Chine !), de l’accès à l’eau potable et de l’égalité entre filles et garçons à l’école primaire. Elle est à mi-chemin pour la scolarisation élémentaire de tous les enfants, ont écrit Hofstetter et Schneider.

En revanche, pour tous les autres objectifs, on est encore loin du résultat attendu. Les OMD, en particulier, n’ont que très peu conduit à des progrès locaux dans les Etats fragiles, en proie à la guerre ou à des conflits.

Cela dit, il serait faux de parler d’un échec pur et simple du concept des OMD. Nombre de pays, aussi africains, ont accompli des avancées considérables en matière de formation, de santé ou de réduction de la mortalité infantile ; ils ont pour cela obtenu d’importants moyens financiers. En même temps, sur plusieurs plans, les pays industrialisés n’ont pas rempli leurs devoirs. Seuls cinq des vingt-deux Etats de l’OCDE ont augmenté comme promis leur aide à 0,7% du revenu national brut. Aucun n’a mis en question les règles inéquitables des systèmes commercial et financier.

Tirer les leçons des faiblesses

Les OMD ont toutefois aussi révélé des lacunes évidentes qu’il conviendra d’éviter à l’avenir. Ainsi, la large perspective de la Déclaration du Millénaire – fondée sur les droits humains – a été réduite à des objectifs sociaux politiquement inoffensifs et peu controversés. On a mis entre parenthèses la nécessité de réformes structurelles ainsi que des questions comme les inégalités sociales, la sauvegarde de l’environnement ou la prévention des conflits et de la violence.

Les Objectifs ont fixé des résultats finaux, mais soigneusement esquivé les causes de la pauvreté et les politiques requises pour les surmonter. De plus, les OMD ont été élaborés sans une large consultation des gouvernements, de la société civile et des personnes concernées.

Plus d’information
Télécharger l'article (pdf)  : http://bit.ly/Wg6V3p
Rapport OMD 2012 de l'ONU (pdf)  : http://bit.ly/UPMAqh
Rapport du UN Task Team (en anglais, pdf)  : http://bit.ly/Tb7XAk
Beyond 2015  : http://bit.ly/UPMFu5
Eurostep: http://bit.ly/10dK78i

Source
Alliance Sud  : http://bit.ly/RO1toA