Et vous, quel fond voulez vous?

Author: 
Roberto Bissio

Dans les dernières décennies le Fond Monétaire International a été présentée au public latino-américain comme un vampire, comme le sauveteur de pays dans la banqueroute et, même, comme aval politique de dernière instance sans l'approbation duquel un candidat présidentiel peut devenir trop risqué pour les investisseurs internationaux. Dans la presse,  les Parlements et les cafés on considère si payer ou non la dette avec l'institution, si accepter ou non ses conditions et même, dans les dernières semaines, si acheter des bons du FMI comme l’a fait le président brésilien Lula da Silva c’est une trahison aux principes  ou une manière de se libérer des bons du Trésor des Etats-Unis.

Techniques ou politisés, gentils ou chauds, ces débats ont exploré tous les aspects de la relation tumultueuse entre le FMI et l'Amérique latine sauf un : Quel Fond veut-on ? Comment  le reformuler… si nous aurions l’opportunité ? Celle-ci est, précisément, la question que le FMI a formulée aux académiciens, syndicalistes et activistes des organisations non gouvernementales, qui ont été convoqués pour participer à un dialogue inédit, expérimental mais potentiellement transformateur avec l'institution.

La gouvernance en question, c’est á dire,  l'objet du débat, est « comment est formellement gouverné le FMI, selon sa constitution, et dans la pratique, c’est à dire comment on prend réellement les décisions et  qui influence le résultat ».

Pour assurer la crédibilité de ce processus devant un public sceptique, le FMI a confié la conduite des consultations à Jo Marie Griesgraber de la coalition « New Rules Finance Globale for », et défenseur loyal des Droits Humains qui a été collègue du chancelier assassiné Chilien Orlando Letelier dans l'ONG Washington Office on Latin America.

À partir des consultations, Griesgraber présentera un document avec des recommandations en septembre, y compris les réformes possibles à court terme dans l'Accord actuel comme celles d'une plus grande haleine que requièrent des changements constitutionnels profonds. Cependant,  Il existe déjà, une base d'accord entre les organisations qui ont avancé leur avis à travers l’Internet, qui cherche consacrer le principe de responsabilité, diamétralement opposé à l'impunité qui compromet actuellement les activités et les fonctionnaires du FMI et son institution sœur, la Banque Mondiale.

La responsabilité, selon les organisations de la société civile, inclut quatre éléments : transparence, évaluation, participation et mécanisme de plaintes.  Le Fond est une institution publique, financée de manière publique (c'est-à-dire, avec l'argent des contribuables) et accomplit fréquemment une fonction législative de facto, spécialement dans les pays membres emprunteurs. On doit lui appliquer, alors, les mêmes mécanismes parlementaires de contrôle qui doivent régir la bonne gouvernance des institutions étatiques nationales.

Formellement, la Convention Constitutive du FMI a crée une organisation d'États souverains, égaux entre eux, qui fonctionne comme une coopérative, à laquelle tous contribuent et dont tous peuvent obtenir des prêts, et ceux qui apportent davantage d'argent reçoivent une proportion plus grande de votes. Ce régime de jure n'est pas donné dans la pratique. Les « quotes-parts » distribuées par des motifs politiques il y a des décennies ne peuvent pas être modifiées par l'exigence de majorités spéciales et le pouvoir de veto qu'ont les Etats-Unis et l'Union Européenne (si ses membres votent dans l'ensemble).

Dans ces conditions, quelles possibilités réelles aurait une initiative de réforme? Pourquoi perdre du temps dans quelque chose qui n'a pas été obtenu dans six décennies ? La réponse est qu'au-delà de la pensée réformiste de certains directeurs de l'institution, le FMI n'a pas de d'autre alternative qu'être réformé parce que c'est le monde ce qui  a changé. Pour sa propre continuation, le FMI a besoin aujourd'hui de l'apport financier des pays excédentaires (c’est á dire la Chine,  le Brésil, la Russie et les monarchies arabes), peu prédisposés à contribuer sans voix ni vote. Et a aussi besoin de l'appui politique du Congrès américain, aujourd'hui dominé par des députés démocrates comme Barney Frank, président du comité d'appropriations, pour lequel les libéralisations financières et l'ajustement structurel promus dans le dernier quart de siècle par le FMI sont « une stupidité transparente ».

C’est á dire que  si le Fond  n'est pas  réformé bientôt de manière convaincante, l'avis finalement triomphant peut être celui que dans une note au pied du document préparatoire de la consultation, Jo Marie Griesgaber indique soigneusement comme le seul avis qui n'a pas été pris en considération: celui de ceux qui croient que le FMI est irréformable et  proposent tout simplement sa fermeture totale.