La Conférence en Doha sur le Financement pour le Développement : Occasions perdues à un moment décisoire

Author: 
Jana Silverman

La Conférence Internationale sur le Financement pour le Développement à Doha était une occasion unique de fortifier les compromis des États, d'agences intergouvernementales, et d'acteurs privés de déraciner la pauvreté et mettre fin á l'à la discrimination de genre à travers l'utilisation adéquate de l’aide pour le développement. Cependant, la Conférence a été une « occasion perdue » et on a reporté les actions concrètes de suivi, malgré le fait que les nécessités des gens pauvres et défavorisés ne peuvent pas être reportées.

Pendant la dernière semaine de novembre  2008, plus de 250 membres d'organisations de la société civile, y compris représentants des groupes nationaux de Social Watch d'Allemagne,  Belgique,  Canada, Etats Unis, Espagne, Philippines,  France,  Kenya,  Liban,  Népal, Soudan, et  Thaïlande, se sont  rassemblés comme une partie de la Conférence Internationale de Suivi sur le Financement pour le Développement, pour plaider  pour des  meilleurs et plus développées politiques d'aide au développement

Pendant les trois jours précédents à l'ouverture de la Conférence officielle, les activistes de la société civile se sont réunies pour explorer les affaires de fond dans l'agenda de financement pour le développement dans le contexte des crises financières, environnementales, et alimentaires actuelles, et pour rédiger une déclaration présentée ensuite aux délégués officiels de la Conférence comme les recommandations principales de ceux représentants d'organisations sociales de tous les coins du monde.   Cette déclaration demande expressément aux gouvernements  prenant part  de la Conférence à s’engager à la promulgation des changements dans ses politiques qui rendront « le développement efficace, l'éradication de la pauvreté, les droits humains, l'équité de type, le travail décent, et l'aptitude à soutenir des opérations prolongées environnementales au premier plan. »

On espérait que dans l'événement á Doha  les avances faites pendant la Conférence sur le Financement pour le Développement de Monterrey durant l'année 2002 se consolident, ce qui constituait le premier effort de l'ONU  pour aborder d’ une manière intégrale les affaires financières et sociales en relation à l'aide pour le développement, avec la participation active de chefs de la société civile et du secteur privé, conjointement avec des représentants gouvernementaux.  Le Consensus de Monterrey abordait toutes les sources de financement d'aide, y compris le commerce et l'investissement privé ou encore les sources publiques, il abordait aussi des sujets comme la dette des  « questions systémiques » par rapport à la structure du système international financier et les limitations sociales, qui ont un impact sur la capacité des pays de mobiliser efficacement toutes les ressources disponibles pour stimuler le développement social et économique.

A Doha, on a abordé encore une fois tous les sujets examinés à Monterrey, mais á la fin on n’a pas fait un progrès substantiel.  Malheureusement, l'appel d'action lancée par la société civile a été ignoré en grande partie, surtout par les délégués gouvernementaux des pays développés comme les Etats Unis, ceux qui ont accordé peu d'importance à la Conférence, en préférant de focaliser son attention dans les négociations sur les impacts de la crise financière qui se sont effectués entre les pays du G-20, un groupe qui exclut la participation de la majorité des pays récepteurs d'aide comme les Pays Moins Avancés (PMA).  L'événement á Doha a été presque inaperçu par les Institutions Financières Internationales, malgré le fait que les caractères conditionnels néo-libéraux qu'elles adjoignent  á leurs prêts et à des paquets d'aide économique tendent à limiter la liberté pour créer des politiques pour les pays  en voies  de développement,  en limitant ainsi ses possibilités d'utiliser l’aide pour promouvoir le bien-être de leurs citoyens.

Vers la fin, il n'y avait aucune mention dans le document final des résultats du sommet á Doha de la nécessité de reformuler les politiques commerciales pour qu'ils promeuvent l'accumulation de capitaux et la création de travaux décents dans les PMA et les pays de marchés émergents.  Par contre, on a fait un appel pour terminer rapidement la conférence de Doha de l'Organisation Mondiale du Commerce.   De même, dans la section sur la dette, toutes les références à la légitimité des dettes et les impacts négatifs des conditions politiques imposées sur les processus d'annulation de dettes, étaient effacés du document final comme un résultat des négociations sur le langage du texte.  La société civile á Doha était aussi très active á exiger un langage plus ferme sur la nécessité d'arrêter des flux illicites de capitaux et en fermant les paradis fiscaux, comme une manière de préserver les ressources pour le développement, toutefois, le texte final exige seulement un « renforcement » du Comité d'Experts sur la Coopération Internationale dans des Affaires Fiscales de l'ONU, sans un langage spécifique sur la nécessité d'éliminer les paradis fiscaux.

 

Du côté positif, la déclaration á Doha maintenait tous les compromis faits à Monterrey en ce qui concerne les mécanismes nécessaires pour atteindre les Objectifs de Développement du Millénaire, et la promesse de destiner 0.7% du PIB des pays développés pour l’aide officielle au développement. Le texte reconnaît aussi explicitement que la promotion de l'équité de type et l'empowerment économique des femmes est clé pour l’obtention d’un développement équitable

Le résultat le plus tangible au sommet de Doha a été la convocation d'un autre sommet, dans lequel tout le « G-192 » (tous les États membres de l'ONU) se réuniront pour examiner des solutions à la crise financière et proposer des changements à l'architecture financière internationale.  Ceci est un pas positif, s'il est comparé avec les négociations fermées du G- 8 et du G-20 en processus actuellement.  Cependant, le document ne clarifie pas le mandat et le réussites du sommet de l'ONU, et il y a un manque d'urgence, puisque le texte dit seulement que les « modalités » du sommet doivent être accordés en mars  2009, sans une date plus précise pour la conférence elle-même.

Si on regarde en arrière, la classification du résultat de Doha par les représentants de la société civile dans le dernier moment de la Conférence officielle comme une « occasion perdue », elle paraît apte. Une occasion unique de fortifier - et non seulement réaffirmer- les compromis des États, d'agences intergouvernementales, et d'acteurs privés de déraciner la pauvreté et mettre fin à la discrimination de genre à travers l'utilisation adéquate de l’aide au développement, en reportant toute action concrète pour un sommet qui sera effectué mais dont le futur est entouré d’ incertitude, s’est perdue.  Il est possible que les nécessités des gens pauvres et défavorisés, qui sans doute seront les plus affectés au sens négatif par les crises multiples qui frappent le monde, puissent aussi être reportées?