Le sud écarté une fois de plus de la présidence de la Banque mondiale

Jim Yong Kim (Photo : National
Institute of Health, Etats-Unis)

La Banque mondiale s’est choisie un nouveau président en la personne de Jim Yong Kim. Malgré deux candidatures crédibles émanant de pays en développement, la tradition a été maintenue : un ressortissant américain a été nommé à ce poste. Le Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11 1, point focal de Social Watch au Belgique) avait demandé au gouvernement belge de rompre avec les arrangements américano-européens du passé et de voter en faveur d’un candidat issu des pays en développement.

Le 16 avril, Les Etats membres de la Banque mondiale ont choisi Jim Yong Kim, un médecin, anthropologue et président de l’université de Dartmouth, pour succéder à Robert Zoellick à la tête de l’institution.

La tradition en cours depuis des décennies a voulu que la présidence de la Banque mondiale soit réservée à un représentant des Etats-Unis et que la direction du Fonds monétaire international (FMI) soit européenne.

Suite aux critiques de plus en plus nombreuses envers ce monopole, le G20 du 2 avril 2009 avait annoncé que « les dirigeants des institutions financières internationales devraient être nommés par un processus de sélection ouvert, transparent et basé sur le mérite ».

En juin 2010, la succession de Dominique Strauss-Kahn à la direction du FMI n’avait en rien modifié la tradition, puisqu’il avait été remplacé par la Française Christine Lagarde. Toutefois, ce choix avait été justifié par le fait que le remplacement avait dû s’opérer en urgence avant le terme du mandat en cours de Strauss-Kahn. Cet argument n’était évidemment pas d’actualité dans le cadre de la succession de Zoellick.

En outre, pour la première fois dans l’histoire de la Banque mondiale, deux candidatures issues des pays en développement ont été présentées face au candidat des Etats-Unis, Jim Yong Kim, ancien cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et président de l’Université Dartmouth College, dont l’origine sud-coréenne est un argument mis en avant par ses défenseurs, ce qui illustre le nouveau contexte qui entoure ce type d’élections, à savoir le poids grandissant des pays du Sud dans l’arène internationale.

D’une part, José Antonio Ocampo, ancien ministre colombien des finances et de l’agriculture, ancien secrétaire général de la Commission des Nations unies pour l’Amérique latine, ancien secrétaire général adjoint des Nations unies, et professeur à l’Université de Columbia et spécialiste des questions de financement du développement, s’est présenté lui-même comme le candidat de la société civile et a proposé des réformes progressistes de la Banque mondiale. Il n’a pas été soutenu par son propre gouvernement, mais bien par le Brésil.

D’autre part, Ngozi Okonjo-Iweala, actuelle ministre des Finances du Nigeria et ancienne cadre de la Banque mondiale, a semblé avoir les faveurs de la presse économique anglo-saxonne comme The Economist et The Financial Times. Elle a également été soutenue par plusieurs pays, notamment par son pays et par l’Afrique du Sud.

Malgré l’expérience du candidat des Etats-Unis en matière de santé, le profil de ses deux challengers issus des pays en développement semblait plus solide. Mais, du fait qu’ils cumulent ensemble suffisamment de droits de vote que pour imposer leur choix aux autres Etats membres, les pays occidentaux ont décidé pérenniser les pratiques anti-démocratiques du passé et de renier les engagements pris par le G20.

Le CNCD-11.11.11 avait demandé au gouvernement belge de rompre avec les arrangements américano-européens du passé et de voter en faveur d’un candidat issu des pays en développement. Il n’en fut rien.

Plus d’information
Interview d’Arnaud Zacharie, secrétaire général du CNCD-11.11.11, par CanalZ : http://bit.ly/I8chNo

Source
CNCD-11.11.11 : http://bit.ly/JDRD6J