Le Canada : L’université est de moins en moins abordable

Loin de suivre l’inflation, le coût des études est plutôt parti en flèche partout au Canada depuis les dix dernières années, rendant l’université de moins en moins abordable, rapporte une nouvelle étude du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), selon Le Devoir. Depuis 1990, le coût des études universitaires de premier cycle, qui comprend les droits de scolarité et les frais afférents, a crû annuellement de 6,2 %, soit trois fois plus vite que l’inflation. Et si la tendance se maintient, il aura augmenté de près de 18 % dans quatre ans.  

Dans le classement des provinces où étudier est le plus coûteux, le Québec pourra conserver sa position, soit 9e sur 10, dès que le gouvernement péquiste, qui annulera la hausse des droits de scolarité pour plutôt l’indexer, prendra le pouvoir. Avec une facture de 4472 $ en 2015-2016, il se serait toutefois retrouvé en 8e position, devant le Manitoba et Terre-Neuve-et-Labrador, si le plan du gouvernement libéral défait avait été mis à exécution. Avec des frais de 9231 $ en 2015-2016, l’Ontario est la province la moins abordable.

Erika Shaker, coauteure de l’étude, reconnaît que le Québec a toujours eu les droits de scolarité les plus bas - et l’endettement le plus faible, soit en moyenne 15 000 $, contre 27 000 $ en moyenne au Canada -, même si Terre-Neuve-et-Labrador remporte la palme de l’abordabilité lorsqu’on tient compte des frais afférents. Elle croit néanmoins que même dans le scénario d’un gouvernement péquiste, « des actions délibérées devront être entreprises pour prouver que l’intention réelle du gouvernement est de rendre les études plus abordables », a-t-elle dit au Devoir.

Mme Shaker estime qu’il ne suffit pas de comparer les taux d’inscriptions à l’université pour conclure que le coût des études n’a pas de réelle incidence sur le choix des jeunes. Selon elle, l’étude démontre que la majorité des provinces n’ont pas décidé de garder les coûts à un niveau acceptable, mais plutôt d’offrir aux étudiants des taux d’intérêt avantageux ou des modalités de paiement assouplies.

Elle soutient qu’il faut également se pencher sur les effets de la diminution de la part du financement public dans les universités et ses effets sur les étudiants. « Et ce qu’on risque de constater, c’est que plusieurs étudiants vont retarder leurs études en attendant d’avoir l’argent », a-t-elle noté.

Un nouvel indice

Ce n’est pas la première fois que le CCPA, un groupe de recherche traditionnellement plutôt à gauche, se penche sur l’accessibilité aux études. Mais cette fois, il compare ce qu’il en coûte d’étudier dans les diverses provinces au moyen d’un nouvel indice, fait de données sur l’évolution des droits de scolarité et des frais obligatoires tirées des annonces et des politiques des gouvernements.

Cet indice du coût des études sert à mesurer l’effet de certaines politiques gouvernementales et l’impact, croissant ou décroissant, du coût des études sur deux types de familles, de la classe moyenne et à faible revenu. L’indice ne tient pas compte de certains facteurs, dont l’aide financière, parce qu’elle n’est pas universelle.

C’est ainsi que l’indice du coût des études du Québec, qui était de loin la province la plus abordable pour les études universitaires en 1990-1991, semblera en forte augmentation d’ici 2015-2016. Car même dans un contexte de simple indexation des droits de scolarité au coût de la vie comme le veut le Parti québécois, le Québec devrait se distancer nettement de Terre-Neuve-et-Labrador, où le coût des études diminuera en regard des revenus des familles de classe moyenne et de celles à faible revenu.

En fait, si les tendances dans les deux provinces se maintiennent, on avance même que pour une famille de classe moyenne, le coût des études sera deux fois plus élevé au Québec qu’à Terre-Neuve-et-Labrador.

Plus d’information
CCPA : http://bit.ly/Ony3zk

Sources
Le Devoir : http://bit.ly/OGh5Ij
Argent : http://bit.ly/NrE7pd