Tunisie: marche pour ''la défense des libertés'' samedi à Tunis

Photo: TunisiaLive

Des milliers de personnes ont manifesté samedi à Tunis à une « marche pour la défense des libertés », pour dénoncer « la multiplication des agressions » salafistes, « le discours fondamentaliste extrémiste » et « la passivité des autorités ». La Ligue Tunisienne de Défense des droits de l’Homme (LTDH, un des points focaux de Social Watch) a confirmé que «le phénomène est bien présent à Sejnane bien que les salafistes bénéficient de l’assentiment d’une partie de la population »

L’appel, relayé sur les réseaux sociaux, a été signé par six partis de l'opposition de gauche affirmant vouloir « défendre la démocratie et les libertés en Tunisie ». Il a dénoncé « la multiplication des agressions physiques et verbales » contre les citoyens, les militants ou les journalistes, et « le discours fondamentaliste extrémiste appelant à la haine et à la violence entre Tunisiens ».

« Le gouvernement traîne à prendre les mesures nécessaires pour arrêter cette tendance », s'inquiètent les signataires de l'appel.

La LTDH a publié un rapport sur les dépassements commis par des salafistes à Sejnane qui ont été révélés pour la première fois par le quotidien «Le Maghreb». La Ligue précise que ses militants qui se sont rendus sur place le 7 janvier, suite à des plaintes de citoyens de Sejnane contre les agissements d’un groupe identifié comme salafiste, ont recueilli une vingtaine de témoignages faisant état d’agressions physiques.

Un homme qui vendait du vin a ainsi affirmé avoir eu les doigts cassés par les salafistes. Un autre a dit avoir été menacé pour ne pas avoir fait la prière. Quelques autres habitants remercient au contraire le groupe salafiste d’avoir fait revenir la sécurité. « Le salafistes ont nettoyé le village », a précisé un habitant.

L’un des salafistes interrogés a, quant à lui, estimé que les plaintes parvenues à la LTDH ont été déposées par des criminels et des trafiquants de drogue et de boissons alcooliques.

La LTDH confirme, toutefois, que «le phénomène est bien présent à Sejnane bien que les salafistes bénéficient de l’assentiment d’une partie de la population ». Le rapport constate que l’apparition du phénomène trouve son origine dans « l’absence de l’Etat, un sous-développement total, une pauvreté accablante».

Les incidents impliquant des radicaux de la mouvance salafiste se sont multipliés ces derniers mois, particulièrement dans des universités où les partisans du niqab, le voile islamique intégral, accroissent leurs pressions.

Des journalistes ont été agressés dans des manifestations, notamment à l'occasion du procès lundi contre la chaîne Nessma poursuivie pour avoir diffusé un film jugé blasphématoire. Un journaliste et un juriste ont été harcelés et molestés par des manifestants salafistes devant le tribunal avant de trouver refuge dans un commissariat de police.

Par ailleurs, des déclarations en début de semaine d'un député d'Ennahda, le parti islamiste qui domine le gouvernement, ont soulevé un tollé en Tunisie.

Evoquant les manifestants qui bloquent des routes ou des usines à travers le pays, le député Sadok Chourou a cité un verset du Coran évoquant « l'exécution », la « crucifixion » ou encore le démembrement.

Les salafistes font la loi à Sejnane, mais bénéficient de l’assentiment d’une partie de la population, selon la LTDH

Sources
Le Temps : http://bit.ly/yCaviV
Kapitalis.com: http://bit.ly/yOvwxj