France : Persistance de fortes inégalités malgré le système redistributif

Dans l’édition 2011 de France portrait social présentée mardi 15 novembre, l’ Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) confirme le poids du système français de redistribution sur notre niveau de vie. Ainsi, avant redistribution (par l’impôt et les prestations sociales), le revenu moyen des 20% des personnes les plus aisées – 53 500 € annuels - est 7,2 fois celui des 20% les plus modestes – 7 500 € de revenu, selon un rapport de François Tcherkessoff publié par le Secours Catholique, point focal de Social Watch en France.

Après redistribution, c’est-à-dire après prélèvements et prestations, le rapport entre les 20% les plus aisés (5ème quintile) et les 20% les plus modestes (1er quintile), n’est plus que de 3,9. Le niveau de vie après redistribution s’élève donc à 11 300 € par an pour les personnes du 1er quintile et baisse à 43 600 € pour celles du 5ème quintile.

Cependant, sur une durée de vingt ans (1990-2010), la part des transferts sociaux et fiscaux des 20% les plus modestes a baissé de 2%, diminuant leurs ressources de 400 € par unité de consommation et par an, tandis que dans le même temps, les prélèvements des 20% les plus aisés ont baissé de 1,5%, majorant leurs revenus de 680 € par unité de consommation et par an.

Les prestations sociales compensent pour partie la faiblesse des salaires. Ceux-ci plafonnent, en moyenne, à 19 300 € par an, soit 1 608 € par mois. De plus, les inégalités salariales restent importantes : le quart des personnes les mieux payées reçoivent dix fois plus que le quart des moins bien rémunérées.

 

Une autre répartition de la richesse

Bernard Schricke, directeur de l’Action France et Europe au Secours Catholique observe de son côté "une baisse dans le temps de la part des salaires dans la satisfaction des besoins essentiels des familles". Il en appelle à une "hausse du pouvoir d’achat par le rééquilibrage de la répartition de la richesse produite par les entreprises. Il faudrait donner plus aux salaires et à l’investissement et moins à la rémunération du capital (actionnaires)", pense-t-il.

Cette proposition assortie d’une amélioration de la stabilité des contrats de travail, permettrait à la société de "moins dépendre de systèmes de redistribution complexes (prestations, impôts, prélèvements sociaux)", soutient Bernard Schricke. De plus, "ceux-ci ont un coût élevé et fonctionnent mal face à l’instabilité de la situation des plus démunis", indique-t-il.

Décote pour les jeunes

Les moins de 25 ans qui travaillent doivent, eux, se contenter de 583 € de salaire par mois, en moyenne. Les premiers emplois commencés en cours d’année et le salaire horaire moyen des jeunes, inférieur de 36% à celui de l’ensemble des salariés, expliquent en partie ces faibles revenus.

Montrant du doigt la mauvaise qualité des contrats des jeunes (CDD, intérim, emplois aidés…), le Secours Catholique constate l’impossibilité pour eux de s’inscrire dans un projet de vie et en appelle à une allocation d’autonomie en leur faveur.

Source

Secours Catholique : http://bit.ly/6qHus4