Social Watch : La paix mondiale sous menace

Plus de 300 organisations de la société civile ont remis leurs propositions pour les délibérations de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio2012). Dans la sienne, Social Watch a rappelé que le Sommet de la Terre, tenu à Rio de Janeiro en 1992, a conclu que la « cause principale de la dégradation continue de l’environnement planétaire est le modèle de consommation et de production insoutenable, en particulier dans les pays industrialisés (…), qui aggrave la pauvreté et les déséquilibres. « Cela est encore vrai de nos jours », a averti l’organisation.  

En guise de préparation au Rio2012, qui se tiendra du 4 au 6 juin prochains, les États et d’autres participants du processus ont remis -avant le 1er novembre- les apports à être inclus dans un recueil qui sera la base du « brouillon zéro » du document final de la conférence. Ce brouillon sera prêt en janvier.  

Dans leurs propositions, Social Watch, Eurostep et le Réseau du Tiers Monde (TWN) ont coïncidé sur le fait de mettre en exergue le principe des responsabilités communes mais différenciées en tant que clé pour la mise en place de l’agenda sur le développement durable, concept qu’ils estiment urgent de réaffirmer au Rio2012.

 « Les inégalités croissantes entres les pays et existant à leur intérieur est la raison évidente de la divergence entre les indicateurs économiques et les sociaux », a averti Social Watch dans son document, basé en partie sur l’Index de Capacités Basiques  2011 (ICB). « Les indicateurs sociaux ne pourront que s’empirer à mesure que l’impact de la crise financière globale, qui a eu son origine à Wall Street en 2008, commence à être enregistré dans des statistiques internationales comparables, un processus qui a pris deux à trois ans de retard par rapport aux indicateurs économiques, a ajouté l’organisation.   

 « Toute formulation d’ ‘objectifs de développement durable’ n’incluant pas de buts visant le changement climatique ou ne faisant pas attention aux aspects relatifs aux droits humains et de soutenabilité de manière simultanée et équilibrée, menacera de bouleverser tout l’agenda de développement durable sans aucun bénéfice compensatoire », a souligné Social Watch, dont le rapport annuel, qui sera présenté en décembre à New York, a été conçu également en tant qu’apport à la conférence de l’ONU à Rio de Janeiro.

Dans le document présenté à l’ONU, Social Watch a déploré l’échec de la communauté internationale quant à accorder des indicateurs sur le développement durable. « Les biens publics mondiaux ne peuvent être fournis par aucun État agissant seul ; en même temps, ils englobent d’une part les fonctions de l’atmosphère et des océans conservatrices de la vie, menacées par le changement climatique, et d’autre part, la fiabilité et la stabilité du système financier mondial, indispensable pour le commerce et le développement mais menacé par la spéculation entièrement libre, la volatilité des taux de change et les crises de dette », explique la proposition. « L’indisponibilité de ces biens publics nuit à des milliers de millions de personnes du monde entier et menace le bien public sur lequel s’est fondé la création de l’ONU : la paix mondiale. »

Même s’il n’y a pas de progrès en matière de lutte contre la pauvreté, il y a des faits qui « démontrent qu’une meilleure qualité de vie peut être atteinte sans avoir des types de consommation et de production destructeurs de l’environnement », comme le succès obtenu par certains pays « qui ont réussi à réduire la mortalité infantile à des niveaux similaires à ceux des États-Unis mais en émettant dix fois moins de dioxyde de carbone par habitant de l’Amérique du Nord ».

Le document fait mention des conclusions de la dernière mesure effectuée par l’ICB tout en précisant que « même si l’essor économique de la première décennie de ce siècle n’a pas réussi à une amélioration des indicateurs économiques, il a pour autant accéléré la destruction de l’environnement ». « Entre 1990 et 2000, l’index a amélioré de cinq points (de 79 à 84), alors que les émissions mondiales de dioxyde de carbone per capita ont diminué de 4,3 à 4,1 tonnes. Au cours de la première décennie du XXIème siècle, les émissions mondiales ont augmenté à 4,6 tonnes per capita, mais les indicateurs sociaux n’ont augmenté que de trois points », indique le texte remis à l’ONU.

 « Les indicateurs de soutenabilité […] font référence à l’épuisement de certaines existences ou de biens non renouvelables. Lorsque ceux-ci font partie des biens mondiaux, des accords internationaux sont nécessaires afin d’assurer la soutenabilité », a ajouté le texte. « Contrairement au bien-être humain, dont les progrès peuvent être formulés en termes d’objectifs, la soutenabilité doit être formulée en termes de limites. Celles-ci peuvent consister à des interdictions absolues concernant certaines activités telles que la chasse à la baleine ou l’émission de gaz qui épuisent la couche d’ozone, ou bien à des  quotas fixés permettant d’assurer le non épuisement.»

Plus d’information
Index de Capacités Basiques 2011 : http://socialwatch.org/node/13749

Ce rapport est basé sur les données provenant des sources ci-dessous
Social Watch: http://www.socialwatch.org
Apports vers Rio2012 : http://www.uncsd2012.org/rio20/index.php?menu=115