La Suisse est mauvaise placée dans le Financial Secrecy Index 2011

Financial Secrecy Index 2011

La Suisse contribue plus que n’importe quel autre pays à l’évasion fiscale internationale et à la dissimulation d’autres transactions financières illicites. C’est ce que montre le nouveau Financial Secrecy Index du réseau international pour la justice fiscale. Les Etats-Unis et la Grande Bretagne sont aussi en « bonne » position, a écrit Mark Herkenrath, l'expert en finances internationales d'Alliance Sud, point focal de Social Watch en Suisse.

Le 4 octobre, le Réseau mondial pour la justice fiscale (Tax Justice Network TJN) a présenté pour la deuxième fois un classement international des septante plus importantes places financières de l’ombre et paradis fiscaux.

La Suisse y occupe la peu enviable première place, devançant même les îles Cayman (2ème place) et le Luxembourg (3ème place). Elle est non seulement l’une des plus importantes plaques tournantes de la finance internationale, mais elle se distingue aussi par un manque inquiétant de transparence.

C’est ainsi qu’elle offre, selon le TJN, des conditions optimales pour occulter l’évasion fiscale internationale, le blanchiment d’argent et autres transactions financières illicites.

Etats-Unis et Grande Bretagne au pilori

Les Etats-Unis (5ème place) et la Grande Bretagne (13ème place) s’en tirent aussi plutôt mal avec le nouvel index. La raison est connue: plusieurs Etats fédérés américains et Londres contribuent, avec leurs trusts et autres constructions anonymes, presque autant que la Suisse à l’opacité des marchés financiers internationaux. Malgré cela, les Etats-Unis et la Grande Bretagne se considèrent comme les champions de la lutte internationale contre l’évasion fiscale.

A la surprise générale, l’Allemagne, qui a été classée par l’index pour la première fois en 2011,  figure à la 9ème place. Alors que l’ancien ministre allemand des finances voulait lancer sa cavalerie contre le paradis fiscal suisse, au début 2010 son pays a été officiellement blâmé par l’OCDE pour des manquements graves dans la lutte contre le blanchiment d’argent.

Entre temps, l’Allemagne a adopté une nouvelle loi pour lutter contre l’argent sale qui peut aider sur plusieurs points. Mais comme elle est entrée en vigueur seulement au mois de mai de cette année, elle n’est pas prise en compte dans le nouvel index du Tax Justice Network. Le délai pour les statistiques du nouveau Financial Secrecy Index était le 1er janvier 2011.

Depuis lors, la Suisse a aussi fait quelques progrès. Plusieurs accords de double imposition sont entrés en vigueur, qui prévoient l’entraide administrative internationale selon le standard de l’OCDE.

Mais la Suisse ne réagit que sous une énorme pression. Les pays en développement, qui n’ont aucun moyen de pression, sont exclus de la stratégie officielle suisse de l’argent propre. La découverte de sommes importantes placées par les potentats de Tunisie, Egypte et Libye montre de surcroît un besoin urgent d’améliorer la loi suisse sur le blanchiment d’argent.

Le Financial Secrecy Index a été publié pour la première fois en 2009. Des comparaisons directes avec la nouvelle édition sont, selon le Tax Justice Network, possibles seulement de façon limitée, car en 2011 d’autres indicateurs et de nouveaux pays ont été pris en compte. Dans le premier index, la Suisse occupait la troisième place.

Source
Alliance Sud : http://bit.ly/nwYHAd