PMA: “Le paradigme du développement doit changer d’urgence”

Lors des audiences interactives informelles de la société civile et l’Assemblée Générale de l’ONU, tenues le 1er avril à New York, en guise d’instance préalable à la Quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui aura lieu le mois prochain à Istanbul, des organisations de la société civile ont exigé aux gouvernements et aux institutions internationales d’abandonner les approches habituelles concernant les pays les moins avancés (PMA), « Le paradigme de développement doit changer d’urgence » a affirmé Arjun Karki, coordinateur international de LDC Watch.

“Nous ne voulons pas un monde où les pays portent une étiquette permanente avec l’inscription : ‘développés’ et ‘moins développés’, ‘riches’ et ‘pauvres’. Les peuples des PMA veulent avancer vers un cadre de prospérité partagée et veulent vivre de manière digne. « Nous voulons un monde sans PMA », a ajouté Arjun Karki.

Ci-dessous, quelques-uns des passages les plus importants des audiences :

Karki: pour un monde sans PMA
“Qu’attendons-nous de cette conférence ? Pas une simple réitération des programmes d’action et des engagements des décennies passées -nous les avons déjà écoutés dans leur totalité précédemment et nous avons vu des résultats décourageants- mais, encore une fois, des efforts renouvelés pour leur mise en place.

“Nous avons besoin d’un engagement de la communauté internationale qui ouvre la voie à un processus de développement pouvant fonctionner dans les PMA et garantissant un transfert de technologie active, l’annulation de la dette, une justice climatique et l’accès réel aux marchés […]. Et, bien sûr, le respect des engagements d’assistance qui continuent d’être une source de revenus importante”.  

“Fixer des délais pour éradiquer la pauvreté et la faim”
“Les récentes hausses du prix des aliments ont eu un impact énorme sur les pauvres dans les PMA. […]  Le manque d’opportunités d’emploi, la réduction de la production alimentaire et les systèmes de distribution injustes sont venus s’ajouter à ce renchérissement, ce qui a eu comme conséquence une diminution de la quantité et de la qualité de nutriments”, a affirmé Sarba Raj Khadka, directeur de Rural Reconstruction Nepal, lors des audiences à New York.

“Le succès de la conférence à Istanbul va dépendre entièrement des stratégies politiques significatives tendant à éradiquer la pauvreté et la faim dans un délai définitif, à galvaniser la reconnaissance de la jouissance universelle des droits humains et la justice sociale et à contribuer à la construction d’un monde exempt de violations des droits humains. Le nouveau Programme d’Action doit fixer un agenda de développement durable, chargé et qui puisse être clairement mis en œuvre en faveur des pauvres, qui surmonte les défaillances des programmes préalables élaborés au profit des PMA”, a déclaré cet activiste, qui a appelé l’ONU à convoquer une convention sur la souveraineté alimentaire.

Odile Ndoumbe Faye: “Les crises s’aggravent chaque jour”
“Des hommes et des femmes provenant des 33 pays les moins avancés de l’Afrique vivent à la merci d’une crise mondiale caractérisée par des crises économiques, alimentaires, environnementales, sociales et politiques qui ne cessent de continuer et qui s’aggravent chaque jour”, a dit Odile Ndoumbe Faye, lors des audiences, au nom de l’Association de Femmes Africaines pour la Recherche et le Développement-Sénégal. “Ces crises ne sont pas isolées, elles expriment la crise du modèle néolibéral et capitaliste, caractérisée par la surexploitation du travail et de l’environnement et par la spéculation financière au détriment de l’économie réelle.”

“La souveraineté économique, politique et culturelle des PMA doit être respectée pour que le génie africain soit libéré et aide les hommes et les femmes du continent à penser à leur propre développement. Les dettes odieuses et illégitimes doivent être annulées et il faut effectuer un audit civique pour permettre à la population des PMA de chercher des compensations par le biais de programmes éducatifs […]. Le genre doit être intégré au Plan d’Action d’Istanbul.”

Coates: “La reddition de comptes est une question qui nous concerne tous, non seulement les PMA”
“Selon Roberto Bissio, de Social Watch, la société civile joue aussi un rôle clé en ce qui concerne la tâche consistant à faire que les gouvernements rendent compte de leurs engagements, a dit Barry Coates, d’Oxfam International (Nouvelle Zélande). “La gouvernance et la reddition de comptes est une question qui nous concerne tous, non seulement les PMA. En tant que société civile, nous n’hésiterons pas à en appeler à la responsabilité des gouvernements donateurs, des grands pays en développement et des PMA mêmes, ainsi que des agences internationales.”

“Nous exhortons à travailler avec la société civile en tant qu’alliés à part entière. Nous jouons un rôle clé quant à la consolidation du soutien au Programme d’Action et au fait de garantir sa mise en place. Nous souhaitons jouer un rôle encore plus fort en ce qui concerne la proposition de politiques.”
 
De Meyer: “Le développement équitable ne peut pas être atteint en allant en sens inverse des gens”
“L’inclusivité, la durabilité et le développement équitable son énormément importants. Certes, ces facteurs sont une condition nécessaire pour le développement réel”, a dit Rudy de Meyer, d’Eurostep et l’organisation belge 11.11.11. “Par contre, le risque est grand qu’ils ne s’égarent en euphémismes  ou bien qu’ils soient interprétés de n’importe quelle manière. Nous devrions mieux les qualifier, les rendre opérationnels et utiles.”

“Nous pouvons apprendre de quelques-uns des événements des derniers mois au Proche-Orient. Si les donateurs et les gouvernements veulent vraiment parvenir à un développement équitable, ce n’est pas en allant en sens inverse du peuple et de ses organisations qu’ils y réussiront.”

“Fixer des délais pour éradiquer la pauvreté et la faim”
“Les récentes hausses du prix des aliments ont eu un impact énorme sur les pauvres dans les PMA. […]  Le manque d’opportunités d’emploi, la réduction de la production alimentaire et les systèmes de distribution injustes sont venus s’ajouter à ce renchérissement, ce qui a eu comme conséquence une diminution de la quantité et de la qualité de nutriments”, a affirmé Sarba Raj Khadka, directeur de Rural Reconstruction Nepal, lors des audiences à New York.

“Le succès de la conférence à Istanbul va dépendre entièrement des stratégies politiques significatives tendant à éradiquer la pauvreté et la faim dans un délai définitif, à galvaniser la reconnaissance de la jouissance universelle des droits humains et la justice sociale et à contribuer à la construction d’un monde exempt de violations des droits humains. Le nouveau Programme d’Action doit fixer un agenda de développement durable, chargé et qui puisse être clairement mis en œuvre en faveur des pauvres, qui surmonte les défaillances des programmes préalables élaborés au profit des PMA”, a déclaré cet activiste, qui a appelé l’ONU à convoquer une convention sur la souveraineté alimentaire.