DECLARATION DE SOCIAL WATCH AU SUJET DES NEGOCIATIONS SUR LE CLIMAT DE COPENHAGUE : LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EST UNE AFFAIRE DES DROITS DE L’HOMME

Social Watch, un réseau de 400 organisations de la société civile dans plus de 60 pays, demande aux gouvernements des pays en développement de s’engager pour trouver une solution juste pour résoudre l’actuelle impasse dans les négociations sur le climat en adhérant au principe de responsabilités communes mais différenciées consacré dans la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (UNFCC), la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, le Programme 21 et la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies.

Les pays développés doivent reconnaître leur responsabilité dans la recherche internationale pour le développement durable vu les pressions que leurs sociétés exercent sur l’environnement mondial et des technologies et des ressources financières dont ils disposent. De même, les accords mondiaux sur le changement climatique doivent tenir compte des différentes circonstances, particulièrement de la capacité des pays en développement de prévoir, réduire et contrôler les menaces produites par le changement climatique.

Le changement climatique touche les droits de l’homme inaliénables comme le droit de vivre une vie digne. C’est la responsabilité des états d’adhérer au droit international et de contribuer à la coopération internationale pour la pleine réalisation des droits de l’homme. On connaît déjà les effets du changement climatique sur les droits à la santé, à l’alimentation, au logement digne, à la nationalité, au développement et à la vie dans les secteurs les plus vulnérables de la société qui comprennent les femmes, les enfants et les peuples indigènes du monde en développement.

Un accord politique est insuffisant pour faire face à la crise actuelle; il est nécessaire de fixer des objectifs forts et inaliénables pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que de compter sur des méthodes plus effectives, justes et équitables pour confronter les effets du changement climatique sur les plus vulnérables et les moins responsables de cette crise.

L’espoir d’un résultat à Copenhague a diminué lors des dernières semaines, surtout à cause de l’inaction des grands émetteurs de gaz à effet de serre. Il n’y a pas de place ici pour que les riches et les puissants fixent les conditions pour partager les responsabilités, spécialement celles qui sont les plus lourdes et humiliantes pour les pays les plus pauvres et les moins puissants. Ce que l’on attend de chaque partie n’est que ce qui correspond juste et équitablement à la responsabilité de chacune dans ce qui est arrivé et ce qui continue à arriver. Les pays qui possèdent un taux élevé d’émissions de gaz doivent continuer leurs engagements pour réduire, de façon importante, profonde et inaliénable, la production de gaz à effet de serre en prenant comme base les niveaux de 1990. Les gouvernements de ces pays et les entreprises doivent aussi reconnaître la dette écologique de leurs états, entreprises et élites envers les peuples vulnérables et marginés, spécialement ceux des pays les moins développés et en développement.

Les réparations et la restitution sont des exigences fondamentales de la justice sociale et climatique. Ces réparations et restitutions font partie d’une plus grande dette écologique du Nord au Sud, accumulée lors de décennies de pillage historique, de colonialisme et de domination économique. C’est ce principe qui demande que le financement du climat soit considéré comme une partie de la réparation de la dette climatique qui ne doit pas être imposé par les pays développés sous forme de prêts conditionnés. C’est pourquoi le dédommagement des effets adverses du changement climatique dans tous les pays et peuples touchés est une question de démocratie climatique, de justice et de responsabilité et pas seulement de mitigation des effets du climat ou du commerce du carbonne.

Le réseau Social Watch lance l’appel suivant aux états pour faire face aux effets du changement climatique.


  • Les accords globaux doivent être considérés dans le cadre du développement durable, en donnant la même importance à l’adaptation et à la mitigation du changement climatique. Ils doivent reconnaître la dette contractée envers les pays et les peuples qui ne sont pas responsables de la crise climatique. Ils doivent aussi fournir l’espace environnemental ainsi que la possibilité de choisir les politiques de développement pour les communautés et les pays touchés.


  • Maintenir les corporations multinationales en dehors des négociations climatiques entre les états.


  • Demande aux états développés de cesser d’accumuler la dette écologique, financière et climatique.


  • Trouver des solutions qui ne violent pas les droits de l’homme, spécialement ceux des femmes, des communautés indigènes, des groupes vulnérables et marginés.


  • Se centrer sur le changement du système actuel de production vers des modèles alternatifs qui soient en harmonie avec la nature, en commençant avec la restauration des écosystèmes et des territoires.


  • L’annulation sans conditions de toutes les dettes réclamées par les gouvernements des pays développés, les institutions financières internationales, les banques privées et tous les bailleurs de fonds des pays développés comme démarche pour aborder le changement climatique.


  • Réduire les émissions de gaz à effet de serre des pays développés de 45% pour 2020 par rapport aux niveaux de 1990.


  • Maintenir l’augmentation de la température en dessous de 1,5 degrés Celsius.


  • Maintenir la concentration de gaz à effet de serre en dessous de 350 ppm pour 2100.


  • Permettre un maximum de concentration de gaz à effet de serre pour 2015.


  • Contributions obligatoires des pays de l’Annexe I pour couvrir les frais d’adaptation, qui doivent être soutenus principalement par des « sources publiques ».


  • Le financement doit être adéquat et prévisible, avec accès direct, simple et rapide pour les pays récepteurs.


  • Les ressources financières doivent être au dessus de l’actuel 0,7% de l’aide officielle au développement (AOD) ; les ressources financières proposées ne doivent pas être inférieures à 1,5% du PIB des pays de l’Annexe I et doivent avoir une plus grande attribution pour les pays moins développés et les petits états insulaires.


  • Il faut établir un Fonds pour l’adaptation en fonction d’une aide financière (non pas comme prêts concessionnaires).


  • Le financement doit être durable et en accord avec la souveraineté des pays récepteurs, il doit être libre de la domination de la structure financière internationale, surtout de la Banque mondiale qui a fait pression pour avoir un rôle de gestion sur les fonds d’adaptation.


  • Il faut respecter les droits des migrants forcés.


  • Les droits des populations vulnérables doivent être l’objet d’une attention spéciale dans n’importe quel accord sur le changement climatique et il faut incorporer la Déclaration sur les droits des peuples indigènes et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre la femme, vu les effets du changement climatique.


  • Les technologies devront être libres des droits de propriété intellectuelle et les technologies déjà brevetées devront être à disposition des pays récepteurs de façon gratuite.


  • Compte tenu des patrons de responsabilité historique différenciée, les coûts d’adaptation dans les pays en développement se considéreront comme des dettes à la charge du monde industrialisé, les dettes ne pourront pas être remboursées par des prêts ou des « subventions » - ces réparations ne doivent pas faire partie des rapports donnateur-récepteur ou patron-client.